Vous possédez une céramique de Vallauris et désirez connaître sa valeur en vente aux enchères ?
Nos commissaires-priseurs et experts en Arts Décoratifs vous donnent quelques pistes pour en savoir davantage sur votre objet et pour connaître sa valeur sur le marché de l’art.
Qu’est-ce que la faïence de Vallauris ?
La faïence de Vallauris est reconnue depuis de nombreuses années. Située à proximité de Cannes, Vallauris bénéficie d'une géographie propice grâce aux gisements d'argile, aux arbres pour l'alimentation des fours, à la rivière et à l’ensoleillement.
Si les terres de Vallauris sont idéales à la production de céramique, aucune trace d’activités antiques ou médiévales n’est aujourd’hui retrouvée. Il faut attendre le XVIe siècle pour que des familles, originaires des alentours de Gênes, dont quelques potiers, repeuplent le village dévasté par la peste.
L'arrivée du chemin de fer au XIXe siècle permet l’expansion de la production artistique. Les modestes ateliers muent en véritables centres de production. Jusqu'au début du XXe siècle, Vallauris se spécialise dans la céramique culinaire en terre vernissée et grès de cuisson résistants au feu. Les ateliers traditionnels Foucard-Jourdan et Chiapello en sont de beaux exemples. La crise économique des années 1930 et l'émergence de matériaux tels que l'aluminium, la fonte et l'inox, éloignent la poterie de sa fonction utilitaire pour une forme artistique à la fin des années 1940.
Avant 1940, dès la fin de XIXe, une création artistique existe cependant à Vallauris avec la famille Massier. Clément, Delphin et Jérôme introduisent dans leurs créations céramiques des émaux colorés et des pigments métalliques. Jean Gerbino (1876-1966) applique un procédé unique de mosaïque de terres colorées dans ses créations.
L'arrivée de Suzanne Ramié, Roger Capron, Alice Colonieu, Jean Derval marque le renouveau de la céramique locale. La première exposition des potiers de Vallauris en 1946, organisée par l'atelier Madoura, André Baud et l'atelier Callis (Roger Capron et Robert Picault), est le point de départ d'une nouvelle ère caractérisée par une grande diversité de styles.
Dans la première moitié du XXe siècle, Vallauris devient un centre d’émulation créatrice où artistes et artisans se retrouvent autour du travail de la terre. Parmi ces artistes notamment Pablo Picasso qui produira des créations céramiques avec l’atelier Madoura entre 1947 et 1971.
Les artistes fraîchement arrivés s'opposent à tous les conformismes et appliquent les grands principes du modernisme. Deux tendances générales se dégagent, l'intérêt pour les sujets animaliers et celui pour les décors géométriques.
Les différents céramistes que regroupe la ville sont tous d'excellents techniciens et des chercheurs passionnés. Parmi eux émergent les Archanges (Gilbert Valentin) Eugène Fidler, Alexandre Kostanda, Gilbert Portanier, Gabriel-Sébastien Simonet dit « Sébastien ». Vers 1972, la céramique vallaurienne est en pleine expansion. De grands noms tels que Roger Capron, Jean Derval, Gilbert Portanier, Francine Del Pierre, Gilbert Valentin conservent leur atelier dans la cité.
La céramique de Vallauris est réputée pour sa diversité de formes et de motifs, allant des pièces utilitaires comme des assiettes, des tasses et des plats, aux œuvres décoratives telles que des vases, des sculptures et des carreaux de mosaïque. Les décors peuvent varier, mais on trouve souvent des motifs floraux, des scènes de la vie quotidienne, des représentations d'animaux et des motifs abstraits.
Aujourd'hui, la tradition de la céramique de Vallauris perdure avec de nombreux ateliers de potiers et artistes qui continuent à perpétuer cet artisanat séculaire. Les pièces de faïence de Vallauris sont très prisées par les collectionneurs et les amateurs d'art à travers le monde, ce qui fait de Vallauris un lieu incontournable pour les amoureux de la céramique et de l'art.
Les sources d’inspiration
Tradition locale : grâce à une longue tradition, les potiers locaux ont développé un savoir-faire unique et ont transmis des techniques et des motifs traditionnels qui continuent d'inspirer les céramistes contemporains de la région.
Art méditerranéen : la proximité de Vallauris avec la mer méditerranéenne joue un rôle important dans son inspiration artistique. Les couleurs, les formes et les motifs caractéristiques de la région se retrouvent souvent dans les créations en faïence.
Le modernisme : au milieu du XXe siècle, Vallauris est devenu un pôle d'attraction pour les artistes modernistes qui recherchaient de nouvelles expressions artistiques. Des artistes renommés tels que Roger Capron ont apporté leur influence à la céramique locale, encourageant l'exploration de formes et de styles novateurs.
Art animalier : une des tendances majeures dans la faïence de Vallauris est l'intérêt pour les sujets animaliers. Les animaux, souvent stylisés ou abstraits, sont fréquemment représentés dans les créations des céramistes de Vallauris.
Art abstrait et contemporain : la faïence de Vallauris est marquée par l'utilisation d'éléments abstraits et géométriques dans les motifs et les décors. Les artistes explorent les formes géométriques et les motifs répétitifs pour créer des pièces visuellement uniques. Ils expérimentent de nouvelles techniques, matériaux innovants et concepts artistiques avancés pour créer des pièces originales.
Nature et botanique : la beauté naturelle de la région influence également les créations en faïence de Vallauris. Des motifs floraux, des feuilles, des fruits et des éléments naturels sont fréquemment incorporés dans les pièces, reflétant l'environnement méditerranéen.
Les céramistes de Vallauris
Dès les années 1880, la famille Massier se lance dans la production de faïence d'art à Vallauris. Parmi cette dynastie de potiers, Delphin Massier (1836-1907), son frère Clément (1844-1917) et leur cousin Jean-Baptiste (1850-1916), dit Jérôme fils, se distinguent. Leur production de grande qualité s'exporte dans l'Europe entière. Elle se caractérise entre autres par la glaçure à reflets métallisés, par les formes naturalistes Art Nouveau, par les couleurs des émaux et notamment le turquoise très recherché.
Durant l'entre-deux guerres, d'autres céramistes se lancent dans la lignée des Massier comme Dominique Zumbo, Jules Agard, Jean Barol, Jean-Baptiste Gaziello ou Jean Gerbino et ses poteries de mosaïque.
Après la grande guerre, Vallauris et la Riviera deviennent des lieux de villégiature pour l'aristocratie artistique. Des peintres, sculpteurs et maîtres de la céramique s'y installent et en premier lieu Pablo Picasso. Il perfectionne sa technique céramique à l'atelier Madoura de Suzanne Ramié.
D’autres artistes tels que Marc Chagall, Henri Matisse, Jean Cocteau, Joan Miro, Georges Braque ou Fernand Léger visitent la région. De jeunes artistes tentent de contribuer au renouveau du foyer créatif. Plus de 150 ateliers sont comptés au début des années 1960.
Parmi les céramistes de Vallauris des années 50, citons André Baud, Roger Capron, Pol Chambost, Jean Derval, Jacques Innocenti, Alexandre Kostanda, François Lembo, Jean de Lespinasse, Suzanne Ramié et son atelier Madoura, Robert Picault, Gilbert Portanier, Jean Rivier ou Gilbert Valentin.
A partir de 1960, la production de céramique à Vallauris devient plus commerciale. On trouve des pièces de qualité très variable jouant sur les succès des années passées. Ces années correspondent à la période kitsch de Vallauris, celle des années 1970 à des productions touristiques. L'acteur de cinéma Jean Marais et Marc Piano s'installe également à Vallauris au milieu des années 70 pour produire des pièces contemporaines.
Estimer le prix d’une céramique de Vallauris
L'estimation du prix d'une céramique de Vallauris varie selon plusieurs facteurs, tels que l’année de réalisation, l'artiste, la rareté, l'état de conservation et la demande sur le marché. Voici quelques étapes pour estimer le prix d'une faïence de Vallauris :
L'artiste : si l'œuvre est réalisée par un artiste renommé de Vallauris, comme Pablo Picasso, cela peut augmenter considérablement sa valeur. Recherchez des informations sur l'artiste, son importance dans le monde de la céramique, ses réalisations antérieures et sa notoriété.
Authenticité : assurez-vous que la pièce est authentique et non une copie ou une reproduction. Il existe de nombreuses pièces simplement marquées "Vallauris". Aussi, une signature identifiant l'artiste apporte une plus-value certaine. Elle est manuscrite, gravée à la pointe ou au tampon en creux. La marque de l'atelier est parfois ajoutée sous la pièce. Certains ateliers comme Madoura, Tapis vert, Callis, Les Argonautes, Le Mûrier sont recherchés.
L’état de conservation est un facteur crucial dans l'estimation de son prix. Une pièce en excellent état, sans éclats, fissures ou restaurations, a une valeur plus élevée qu'une pièce endommagée.
La rareté joue un rôle important dans la détermination du prix. S’il s’agit d’une pièce rare, unique ou difficile à trouver sur le marché, sa valeur sera généralement plus élevée que celle des pièces courantes. A contrario, des faïences réalisées en série seront plus accessibles. Devant la multiplicité des pièces, il faut toujours considérer l'esthétique générale, la qualité et la finesse d'exécution, le travail du modelé ou du tour, la technique de l'émaillage, les effets de matières, de textures et de contrastes. Un juste équilibre permet de ne pas tomber dans le kitch.
Style et design : L'esthétique, le style artistique, les motifs, les couleurs et la qualité du design peuvent influencer le prix. Les pièces avec des motifs originaux ou des designs innovants peuvent être plus recherchées par les collectionneurs. La forme (vase, pichet, assiette, plat, cendrier…) est déterminante.
La provenance : une céramique de Vallauris qui appartient à une personnalité connue, un artiste de renom ou vendue par une galerie prestigieuse vaut plus cher qu’une pièce dont la provenance est inconnue.
Tous ces éléments sont cruciaux dans l’établissement de la valeur d’une faïence de Vallauris. Il est donc nécessaire de procéder à une expertise afin d’en donner l’estimation la plus juste.
Les céramiques de Vallauris : prix et cotes
Prix et cote des céramiques culinaires de Vallauris
La vaisselle bénéficie d'une cote élevée. Fabriquée essentiellement entre le XIXe siècle, avant la Seconde Guerre mondiale, la céramique culinaire (pichet, marmite, assiettes, terrines…) en parfait état de conservation se vend autour de 100 euros.
Prix et cote des céramiques de Vallauris de la fin XIXe et début XXe
La production artistique des céramistes Massier est très prisée des collectionneurs. Une attention particulière est portée aux céramiques de grandes dimensions style Art Nouveau. Les décors de barbotine sur des formes audacieuses valent plus chers. Par exemple, un vase réalisé à la fin XIXe par Clément Massier peut être estimé entre 300 et 800 euros.
Prix et cote des céramiques de Vallauris des années 1950
La cote des faïences de Vallauris créées dans les années 1950 est assez variable. En effet, les prix dépendent des artistes et des ateliers de création. Il peut y avoir des écarts allant de 1 à 500 euros entre un artiste de renom et un atelier pour touristes… Les céramiques de Vallauris les plus chères sont celles d’artistes dont la cote est établie comme Pablo Picasso.
Les amateurs et collectionneurs sont généralement à la recherche de céramiques typiques d'un artiste, au style marqué et personnel comme une mosaïque de Jean Gerbino, un décor blanc et noir de Jacques Innocenti, un motif abstrait d’Alexandre Kostanda ou encore des couleurs simples de Jean Derval.
Prix et cote des céramiques “touristiques” de Vallauris
A partir de 1960, les fabriques de céramique devinrent plus nombreuses pour satisfaire la demande des touristes. Elles offrent des souvenirs de vacances abordables, plus ou moins kitch, au décor provençal folklorique, aux motifs méditerranéens de fond de mer. Ce type de productions usuelles ou décoratives vaut généralement moins cher que celles précédemment citées.
Nos records aux enchères de céramiques
Pablo PICASSO (Malaga 1881 - Mougins 1973), Quatre profils enlacés, 1949. Une assiette en terre de faïence blanche à décor aux engobes sous couverte, bleu, vert portant le cachet MADOURA plein feu, tirée à vingt cinq exemplaires s’est vendu 11 500 euros.
Marcel VERTES (Upjest 1895 - Paris 1961), Plat ovale en céramique à décor d’une femme, son chevalet et son modèle. Couverte émaillée jaune, rose et marron. Signé au dos Vertes Editions, Tapis vert, Vallauris et Made in France adjugée à 1 000 euros aux enchères chez MILLON.
Roger CAPRON (1922 - 2006), un Pied de lampe en céramique à couverte blanche et décor émaillé jaune et noir d'un soleil, signé "Capron Vallauris", s’est vendu chez MILLON à 2 400 euros.
Jean GERBINO (1876-1966), un Vase boule en terre polychrome mosaïquée à décor de motifs géométriques et de papillons, signé en creux sous la base "Gerbino Vallauris" adjugé à 400 euros.
Clément MASSIER (Vallauris 1844 – 1917 Golf Juan), Triton pourchassant une baigneuse, circa 1900. Un rare et important cache-pot en céramique à décor en relief du Dieu Triton à couverte émaillée irisé de couleur verte à reflets dichroïques polychrome, signé "Clément Massier Golfe Juan" en creux, vendu à 5 800 euros.
LES ARGONAUTES & VALLAURIS, Miroir en céramique à décor émaillé de motifs géométriques polychrome, signé "Les argonautes", vendu à 1 900 euros.
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