Qu’est-ce qu’une pièce d’orfèvrerie russe ?

L’histoire de l’orfèvrerie russe remonte à plusieurs siècles et connaît son âge d’or entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Les plus somptueuses pièces, présentant un niveau de qualité et de finesse exceptionnel, sont réalisées sous l’impulsion des tsars Alexandre II et Nicolas II. De prestigieuses maisons se développent à Moscou et à Saint-Pétersbourg, redoublant d’ingéniosité pour réaliser des objets décoratifs à la hauteur de l’Empire russe. 

Les artisans se réinventent en s’inspirant des techniques anciennes comme les émaux cloisonnés ou filigranés. Les objets décoratifs font figure de véritables œuvres d’art aux décors influencés par les plus beaux modèles du Moyen Âge, de la Renaissance et du Baroque de l’Europe de l’Ouest ou de l’Orient. Les émaux de Rostov, issus d’une technique de peinture de miniature sur émail venue de France, connaissent d’ailleurs un franc succès et sont utilisés pour décorer les accessoires religieux. 

Reconnaître une pièce d’orfèvrerie russe

Pour reconnaître une pièce d'orfèvrerie russe, l'expert se fie à ses poinçons. Ces marques fournissent des informations cruciales sur la provenance, la datation, les matériaux, ou encore le créateur. Le système de poinçonnage russe comprend :

Le poinçon de la ville qui indique le lieu de fabrication de la pièce d'orfèvrerie. Moscou est représenté par Saint George terrassant un dragon, et Saint-Pétersbourg par les clefs de Saint-Pierre ou deux ancres croisées. 

La marque du titre qui détermine la pureté des matériaux. Ce poinçon est représenté par un chiffre ou une lettre cyrillique à côté duquel se trouve une tête de Kokochnik. Pour les œuvres en argent sterling, le poinçon standard est la marque 84 qui garantit une quantité de 87,5 % de métal précieux pur. Il existe également un poinçon 88 ;

Le poinçon du maître orfèvre qui identifie l'artisan. Il peut s'agir des initiales du maître orfèvre ou d'un symbole spécifique associé à son nom ou à son atelier. 

Malgré tout, les faux poinçons existent sur le marché. Pour reconnaître les œuvres authentiques des contrefaçons, il est important d’étudier également leur style artistique, caractéristique du lieu de création et de s’assurer de la qualité des matériaux. Moscou est le berceau du style russe que nous connaissons aujourd’hui, dès le milieu du XIXe siècle. 

Il se caractérise par l’utilisation d’éléments décoratifs traditionnels comme les motifs floraux et les gravures élaborées. Les ornements détaillés du vase en argent de Pavel Ovchinnikov, datant de 1878, reflètent parfaitement la beauté de l'art traditionnel russe. 

Le style de Saint-Pétersbourg tire davantage son inspiration de l’Occident, en particulier du style rococo et du style néoclassique. L'œuf Rothschild de Fabergé, commandé pour Édouard de Rothschild en 1902, compte parmi les œuvres d'orfèvrerie les plus remarquables de ce style avec ses émaux et ses incrustations de pierres précieuses

Les spécificités d’une pièce d’orfèvrerie russe

La Russie est à l’origine de pièces d’orfèvrerie uniques comme le traditionnel service à vodka, l’ikra (service caviar), le kosh, le samovar russe et l’œuf de pâque. Les techniques d’ornementation, incluant la gravure fine, l’émaillage coloré, le ciselage, le décor niellé et l’incrustation de pierre précieuse, apportent à l’esthétique russe une grande valeur artistique. Parmi les œuvres exceptionnelles de l'orfèvrerie russe, la boîte en émail de Feodor Rückert de 1867 montre une maîtrise hors pair de son art à travers ses scènes historiques et ses portraits. 

La symbolique religieuse étant au cœur de la culture, les artisans fabriquent de nombreuses pièces d’orfèvrerie en rapport avec la religion orthodoxe, décorées de symboles religieux et de scènes bibliques. C'est le cas des icônes religieuses à la fine ciselure et décorées d'émaux et de pierres précieuses. Par exemple, une icône de la Mère de Dieu Source de Vie dans un bel oklad en vermeil 84 zolotniks à décor repoussé et gravé a été vendue 1600 euros. 

Les motifs floraux délicats et les décors inspirés de la nature et des contes ornent également les œuvres, reflétant l’amour des Russes pour leur héritage culturel. 

Déterminer la valeur d’une pièce d’orfèvrerie russe

Chaque maison appose sa propre marque pour faciliter l’identification de ses créations. On reconnaît par exemple les œuvres de Fabergé, célèbre joaillier russe, grâce aux poinçons datant de 1873 à 1927 avec les inscriptions « G. Fabergé » ou « Moscou – Saint-Pétersbourg » sous le blason impérial. Notre maison a par exemple vendu un rare canard en faïence monté en argent 88 zolotniks serti de grenats et chrysoprase, réalisé par Fabergé et marqué de Fournisseur de la Cour Impériale. 

Les styles artistiques des artisans russes apportent également une plus-value non négligeable aux œuvres. Grigori Sotnikov est particulièrement connu pour produire des pièces dans un style Néo Renaissance. Ses œuvres en argent et en pierres précieuses sont toujours richement décorées avec des motifs détaillés. Erik Kollin est également apprécié pour ses œuvres néoclassiques, au style emprunté à l'antiquité grecque et romaine.

La pureté des matériaux est également un indicateur non négligeable lors de l’expertise d’une pièce d’orfèvrerie. Les œuvres en or ou en argent, serties de pierres précieuses sont évaluées à un prix plus élevé que les pièces en alliage. La qualité de votre pièce d’orfèvrerie russe et des ornements sont également les signes d’un savoir-faire hors pair qui augmente la valeur de l’objet. C'est le cas des services de table impériaux et des samovars, réalisés en argent massif et ornés de gravures complexes, d'émaux et de pierres précieuses. Notez que les maisons offrent parfois deux qualités d’œuvres : uniques et courantes. Les pièces en série limitée présentent une finesse d’exécution incomparable et sont davantage recherchées par les collectionneurs que les pièces produites à plus grande échelle. 

Estimer une pièce d’orfèvrerie russe

Notre maison de ventes aux enchères est spécialisée dans l’art russe. Maxime Charron, notre expert, décrypte les poinçons et les styles de votre pièce d’orfèvrerie russe et vous propose une estimation gratuite de son prix sur le marché des enchères. 

Si vous souhaitez vendre votre œuvre, il pourra vous accompagner et proposer une vente mettant en valeur votre objet, afin de le vendre au meilleur prix. 

Artistes les plus connus

Khlebnikov se fait un nom dans le domaine de l’orfèvrerie russe à travers ses techniques pour produire des émaux en plique-à-jour, en cloisonné ou en champlevé. L'une de ses œuvres les plus connues est un gobelet en argent ornée d'une représentation du prince Dimitri Donskoï présenté durant l'exposition de Vienne.Fedor Ruckert connaît également un franc succès en créant des pièces décorées d'émaux cloisonnés en indépendant, et en collaboration avec la Maison Fabergé. D’autres maîtres comme Ovtchinnikov, Verkhovtsev, Goubkine, Morozov et Semenov laissent également leur marque dans l’histoire.

Dernières adjudications MILLON

Parmi les ventes aux enchères réalisées par la maison Millon, on trouve les pièces d’orfèvrerie russe suivantes :

- la paire de verres à vodka en argent 84 zoltonicks, estimée entre 40 € et 60 €, adjugée 460 € ;

- la jardinière en argent russe 84 zoltonicks, estimée entre 250 € et 350 €, vendue 5200 € ;

- un presse-papiers signé Fabergé, estimé entre 10 000 € et 15 000 €, vendu 15 000 € ;

- le plat aux apôtres du XIXe siècle, estimé entre 800 € et 1000 €, vendu 1400 €.  

Estimez et vendez votre pièce d'orfèvrerie russe

Faites appel à nos experts en art russe pour estimer gratuitement votre pièce d’orfèvrerie russe. Vous pouvez consulter le site de la maison Millon ou prendre rendez-vous dans les bureaux à proximité de votre domicile.