Né en 1926 à Bikfaya au Liban, Chafik Abboud (ou Shafik) est fortement influencé par les récits de sa grand-mère qui l’initie aux rites byzantins de son église et lui fait découvrir les icônes. D’abord très imprégné de la figuration poétique libanaise, il étudie de 1945 à 1947 à l’Académie libanaise des Beaux-Arts auprès de César Gemayel et de l’artiste italien Ferdinando Manetti. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale et de l’afflux symptomatique des artistes du monde entier à Paris, Chafic Abboud s’inscrit à la Faculté des lettres de Paris en 1947 puis se forme à l’École des Beaux-Arts, auprès des fameux Fernand Léger, André Lhote, Jean Metzinger ou encore Othon Friesz. Bien intégré dans cette société cosmopolite parisienne en pleine mutation, sa peinture devient bien plus proche de l’Abstraction lyrique parisienne puis s’émancipe progressivement pour proposer des solutions très personnelles et transfiguratives. Abboud, expérimente tout en gardant présente à l’esprit l’idée de proposer une vision intime des mondes extérieurs et intérieurs, à travers des couleurs particulièrement vives et lumineuses et des liaisons toujours établies entre la France et le Liban. De 1952 à 1956, il étudie la gravure et le dessins grâce à une bourse du gouvernement libanais, qui lui permet de vivre de son art à Paris, où il résidera jusqu’à sa mort. L’importance de l’artiste sur la scène internationale est à noter, notamment pour le grand nombre d’expositions auquel il a pris part. Il participe, par exemple en 1959 à la Première Biennale de Paris, faisant de lui le premier et le seul artiste du Monde Arabe à le faire. De 1961 à 1966, il expose de manière régulière au Salon d’automne de Beyrouth et au centre d’art de Beyrouth à trois reprises. Lauréat du Prix Victor Choquet en 1961 et du Prix du Salon d’automne du musée Sursock en 1964, il s’impose alors comme un artiste incontournable de la scène artistique libanaise et du Monde arabe. Dès 1983 il participe à la FIAC et organise en 1994 une exposition à Beyrouth pionnière qui représente un grand succès médiatique après 15 ans de guerre. Toujours proche de ses origines, il enseigne de 1968 à 1975 à l’Institut des Beaux-Arts de l’Université libanaise de Beyrouth puis à l’Unité pédagogique d’architecture de Paris de 1978 à 1982 et participe de manière proactive à la vie culturelle et artistique du pays tout au long des années 1950-1970. Chafic Abboud d’éteint en 2004 à Paris et est enterré à Beyrouth dans la Montagne du Liban, selon son souhait. L’Institut du Monde arabe pérennise sa mémoire en organisant une grande rétrospective de son œuvre qui sera également présentée au Beirut Exhibition Center. Le marché de l’art et les collections privées mettent également l’artiste à l’honneur, le plaçant comme figure majeure de l’art du Monde arabe.