Bob Burruwal Poteau Funéraire (lorrkon) Pigments naturels et acrylique sur tronc d’eucalyptus - 250 cm Groupe Rembarrnga - Maningrida - Terre d’Arnhem Centrale Ces poteaux funéraires sont utilisés dans les derniers cycles des rituels de décès. Au départ, le corps recouvert des peintures totémiques est enterré - ou placé sur une plateforme dans un arbre. Puis, après plusieurs mois, voire plusieurs années, on déterre les ossements. Ils peuvent être partagés entre les membres proches du défunt jusqu’à ce qu’on décide de réaliser la dernière cérémonie. On regroupe alors les ossements, on les recouvre d’ocre, on les broie et on les place dans des poteaux peints avec les motifs du clan du défunt. Celui-ci est placé sur un site associé spirituellement au défunt et laissé là jusque ce qu’il se détériore naturellement. Il faut admettre que ces dernières années, ces cérémonies, très complexes à organiser, ont disparu (parfois les os sont conservés dans un linge et placés dans une valise !). Seuls quelques anciens possèdent toutes les connaissances pour réaliser ces rites qui marquaient la fin des tabous (alimentaires ou associés au nom du défunt). Ce poteau est fait à partir d’un tronc d’eucalyptus (eucalyptus tetradonta) évidé naturellement par les termites. Cette cérémonie porte des noms différents selon les groupes linguistiques : Dupun est le nom le plus répandu mais aussi Lorrkon, Djalumbu, Mululu,… La découverte de cette cérémonie par le grand public l’a été grâce à ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom du Mémorial Aborigène. Deux cents poteaux peints par les artistes de Ramingining, un poteau par année d’occupation de l’Australie; à la fois un acte de résistance, une profession de foi, un outil pédagogique et une incroyable œuvre d’art. Cet épisode est très souvent relaté dans les livres consacrés à l’art aborigène. Yambal Durrurrnga dira du Mémorial : « Les Balanda (terme qui désigne les non aborigènes, viennent visiter et prendre des photos mais ils ne connaissent pas le fond de l’histoire. Vous voyez. c’est un pouvoir. Pour les Yolngu (non par lequel les Aborigènes du centre de la terre d’Arnhem se désignent), c’est un pouvoir, c’est une partie de l’être - une partie d’eux-mêmes ».