BAYA (Fatma Haddad Mahiedinne) (Algérie, 1931-1998)
Femme aux oiseaux
Gouache sur papier
100x75cm
Signé et daté en bas au milieu (19)81
Contresigné et daté au dos
(Vernis)
« En effet, on me dit souvent : – pourquoi jamais d’homme, toujours des femmes ? je crois que je peux répondre à cette question … J’ai perdu mes parents très jeune. Mon père d’abord puis ma mère. De mon père, je me souviens vaguement, mais de ma mère malgré mon jeune âge alors, je garde une image assez précise. [..] J’ai l’impression que cette femme que je peins est un peu le reflet de ma mère … » Baya.
La décennie 1952-1962
Baya rejoint Alger en 1952. Elle figure l’année suivante parmi les artistes qui exposent à la galerie Le Nombre d’or d’Alger. Serge Michel , qui rend compte de l’exposition dans l’hebdomadaire de l’UDMA , La République algérienne, dit de Baya qu’elle est l’«égale des meilleures Séraphine de Senlis.»
En 1953, Baya a vingt-et-un ans. Il est temps, dans le contexte dans lequel elle évolule, que cette jeune fille se marie. Elle épouse le célèbre musicien de Blida Mahieddine Hadj Mahfoud, son aîné de 30 ans, dont elle aura six enfants. S’ensuit une période où Baya cesse d’écrire à Marguerite et cesse de peindre. Que dire de ce silence ? Baya construit sa vie de famille durant la guerre d’Algérie. Pour certains, cela suffit à expliquer le vide. L’univers artistique de Baya est celui de l’harmonie, de la femme épanouie, du jardin luxuriant, de l’oiseau enchanteur. Il semble que le monde intérieur dont sa peinture est le reflet se soit éteint pendant dix ans.
En 1961, la correspondance avec Marguerite reprend et éclaire les années passées. Baya y témoigne de son bonheur familial et de son inquiétude causée par la guerre. Soutenue par Jean de Maisonseul, qui a épousé Mireille, la nièce de Marguerite Caminat, et qui a été nommé, à l’indépendance, directeur du musée national des Beaux-Arts d’Alger, elle reprend ses pinceaux. C’est dans cet entourage familier que Baya renoue avec les chemins de la création.
« Ils m’ont donné le courage de travailler et voilà, j’ai commencé à faire de la terre… J’ai fait des femmes et des animaux, seulement je voudrais bien que Mireille et Monsieur Jean me conseillent car j’ai besoin de conseils… je travaille, si tu vois, il y a de la terre partout. »
Le 13 décembre 1962, ces mots, empruntés à une lettre à Marguerite, signalent le retour de Baya à la création. En 1963, ses œuvres retrouvent les cimaises des expositions, à Alger d’abord sous l’égide de Jean de Maisonseul, puis à Paris, dès 1964, au musée des Arts décoratifs qui exposent des « Peintres algériens ».
Baya n’est pas une figure active des cercles d’artistes qui se forment. Si elle est membre du groupe Aouchem , elle n’en est pas à l’initiative. Rattachée à l’Art brut, au Surréalisme, à l’Art naïf, au Primitivisme, Baya est en réalité indépendante, libre, unique et inclassable. Si le parcours de Baya a croisé celui des fondateurs de la peinture algérienne moderne, elle ne rejoint aucun courant, aucun cercle, qui se forment, notamment à Paris, durant la décennie de la guerre d’indépendance.
Provenance :
Ancienne collection de Monsieur M. (1924-2016), puis par descendance.