L'Okimono : comment le reconnaître ?

L’histoire des okimonos est étroitement liée à celle du Japon. Traditionnellement fermé au reste du monde, l’archipel développe ses échanges culturels et commerciaux avec l’Occident au début de l’ère Meiji. Afin d’exposer le savoir-faire des artistes locaux, le pays favorise entre autre l’exportation de figurines réalisées à partir de matériaux raffinés, comme l’ivoire et des essences de bois rare. Les collectionneurs occidentaux raffolent également des statuettes en plaquettes d’os. D’abord artisanale, la production d’okimonos s’accélère au début de l’ère Edo au XXe siècle, au fur et à mesure que le goût asiatique s’installe en Europe.

Ces « objets posés » ou « objets à placer » – comme on les appelle en japonais – sont façonnés par des maîtres sculpteurs et leurs étudiants, dans le respect total des techniques traditionnelles de sculpture. À l’instar des Netsuke, ces statuettes utilisées pour fixer des objets à la ceinture du kimono, les okimonos représentent un pan entier de la culture, des croyances et du quotidien des Japonais. Les artisans aiment mettre en scène des motifs traditionnels, des animaux, comme la tortue, le poisson, le crabe, la souris, le dragon ou le singe, avec une grande attention aux détails et une touche d’humour presque omniprésente.

Les okimonos rendent aussi hommage aux petits métiers : pêche, femme en train de coudre, etc., aux dieux et aux déesses japonaises. Contrairement aux Netsuke, les okimonos ne disposent pas d’himotoshi, un petit canal qui permet d’insérer une cordelette pour le maintien à la ceinture des sagemonos. Les figurines les plus extrêmes empruntent le sous-entendu sexuel des shunga, ces estampes japonaises qui datent du XVIIe siècle.

Les techniques

Les artisans japonais fabriquent traditionnellement des okimonos à partir du bronze et du bois. Pendant l’ère Meiji, le pays importe de l’ivoire depuis l’Afrique et l’Inde. Cette matière devient très populaire chez les collectionneurs occidentaux de netsuke et okimonos. L’appétence pour l’ivoire diminue vers la fin du XXe siècle et les restrictions imposées par la CITES concernant la réglementation pour la vente d’ivoire.

La fabrication d’un okimono ancien se fait strictement selon la tradition asiatique de la sculpture sur bois et du façonnage du métal. Les artisans veillent minutieusement à la beauté du geste et travaillent la matière avec une grande délicatesse. Grâce à ce travail d’orfèvre, les okimonos retranscrivent fidèlement l’apparence, les émotions et la situation de chaque personnage.

Les particularités

Les okimonos produits à partir du XXe siècle sont issus d’une fabrication en série et ont moins de valeur sur le marché des objets de collection. En revanche, les statuettes réalisées au début de l’ère Edo et vers la fin de l’ère Meiji conservent une belle cote, en raison de leur rareté et de leur lien toujours intact avec l’artisanat japonais. Les okimonos anciens sont des œuvres uniques ou en édition limitée, et portent la signature de maîtres respectés comme Hogyoku et Masimitsu

Comment estimer la valeur d’un Okimono ?

L’estimation d’un okimono repose sur des critères relatifs à l’état de la sculpture, l’authenticité de la scène ou du personnage, la matière et la date de production.

— État de la sculpture

Très détaillées, les figurines japonaises s’apprécient principalement à travers leur état de conservation. Les rayures, décolorations, trous et autres dégradations peuvent potentiellement diminuer leur valeur sur le marché.

— La scène

Les collectionneurs affectionnent les statuettes représentant une scène typique du Japon du XIXe siècle : un guerrier en armure, un personnage qui soulève un dragon ou un vieil homme fumant sa pipe traditionnelle. Ces décors se retrouvent souvent dans les tokonoma ainsi que sur les inro et les ojime.

— La matière

Les okimonos en bronze ou en bois sont moins bien cotés que les figurines en ivoire d’éléphant à quelques exceptions près.

Les okimonos en ivoire nécessitent des autorisations particulières, comme le permis K, pour être importées ou réexportées en Europe. Il est ainsi nécessaire de prouver son ancienneté, sa provenance et de présenter une expertise en bonne et due forme.

Attention, tous les okimonos ne sont pas en ivoire d’éléphant ! Ils peuvent également être en ivoire de mammouth (commerce libre), en ivoire de morse (que l’on reconnaît souvent à la présence de caries sous la base). Les œuvres les plus modernes sont également en résine ou en éléphantine : pour les reconnaître, une odeur caractéristique de plastique brûlé l’en échappe si vous la piquer avec une aiguille chauffée. Par ailleurs, l’ivoire ne fond pas au contact d’une aiguille chaude.

A travers ces éléments, vous détenez toutes les clés pour estimer la valeur de votre objet en comparant avec d’autres okimonos vendus.

Un okimono moderne figurant un pêcheur peut ainsi être estimé autour de 300 euros. Les exemplaires soignés, anciens, éventuellement signés dépassent sans difficulté les 2000 euros. 

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Nous identifions la signature sur votre statuette, si elle est signée, pour en connaître la valeur et la cote sur le marché. Notre maison procède aussi à l’authentification de votre œuvre et à l’analyse de sa provenance. À partir de ces informations, nous établissons une fourchette de prix.

Si vous souhaitez vendre votre œuvre, notre maison est fière de vous proposer 200 ventes par an environ, votre objet y trouvera sa place.

Objets d’art réservés aux connaisseurs de l’art asiatique et de l’histoire du Japon en particulier, les okimonos existent dans des tailles comprises entre 20 et 50 cm. L’envergure joue sur le prix mais c’est surtout la qualité de la sculpture qui fera le prix. Les okimonos les plus rares se négocient jusqu’à 100 000 euros ou plus.

Okimono adjugées chez MILLON

• Notre maison a adjugé un okimono en ivoire figurant un paysan debout mirant des œufs et portant un panier, accompagné d’un enfant, pour 3 500 euros. Cet okimono en ivoire est signé en laque rouge Gyokuhide et date de la période Meiji.

• Un okimono en ivoire, chasseur debout tenant un oiseau par une aile et un fusil sur son épaule est adjugé 2 900 euros. Il est signé Gyokusen et mesure 37 centimètres.

• Deux okimonos en ivoire sculpté ont été vendu pour 1750 euros. L’un de ces okimonos représente le dieu de la richesse, Daikokuten ; tandis que l’autre montre une femme assise qui joue avec un chat. Les deux œuvres, signées Haruyoshi, ont été estimées entre 300 et 400 euros.

• Un okimono en bronze doré de l’école d’Eisuke Miyao est adjugé à 1400 euros. La statuette était estimée entre 800 et 1000 euros. L’œuvre représente un guerrier en armure, dans une posture de préparation au combat. Le personnage tient sa lance yari. La figurine est fixée sur un socle en bois rehaussé d’une laque en or.

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