Qu’est-ce qu’une caricature ?

La caricature est littéralement l’art de se moquer ou de porter une charge à l’adresse d’une personne ou d’une situation, sous le couvert de l’humour et de la satire. Ce savoir-faire est déjà pratiqué dans l’Antiquité, dans les grotesques de la Renaissance. La caricature telle qu’elle est connue actuellement naît vraiment dans le courant du XIXe siècle, notamment avec Honoré Daumier.

Aujourd’hui, de célèbres caricaturistes usent de leur art dans les médias pour appuyer une critique sociale, politique ou tout autre message difficile à transmettre par une simple plume.

Sans être grotesque, la caricature aime grossir les traits physiques et le déroulement d’un événement en guise de métaphore d’une idée. Cette exagération rend la communication encore plus percutante et remarquable.

La caricature politique se retrouve ainsi dans les dessins de journaux presque au quotidien. Certains dessins satiriques publiés en Une des journaux marquent l’opinion en raison de leur caractère brûlant et incisif. On se rappelle encore des violentes émeutes provoquées par les caricatures du dessinateur danois Kurt Westergaard au milieu des années 2000.

Parmi les caricaturistes politiques à travers les temps, citons Honoré Daumier, James Gillray, Thomas Nast, David Low, Plantu, Patrick Chappatte, Tomi Ungerer.

La caricature se présente souvent sous la forme d’un dessin qui exprime un sentiment qui peut être la peur, l’amour, la colère ou la joie. L’œuvre est en couleur ou en noir et blanc, selon les techniques et le support de publication.

Les techniques utilisées par la caricature

Les techniques de caricature varient selon les artistes, les époques et le support de diffusion. Les procédés les plus utilisés sont la déformation, l’exagération et l’allégorie.

Les déformations

Elles consistent à dessiner le personnage sous une autre forme, afin de souligner un caractère précis. Malgré la déformation, le portrait doit toujours permettre l’identification du sujet principal de la caricature. Cette technique invite l’observateur à établir un lien entre la personne représentée et l’image véhiculée par l’artiste.

Dans son œuvre Gargantua, parue en 1831 dans le journal La Caricature fondée par Charles Filipon, Honoré Daumier déforme les traits du roi Louis-Philippe, qu’il compare au géant très gourmand des écrits de Rabelais. Ce dessin se moque des besoins financiers considérables du roi et de la corruption électorale de l’époque.

Un portrait charge, en buste du Constitutionnel, réalisé par Honoré Daumier à la pierre noire sur papier, a obtenu plus de 6500 euros aux enchères.

L’exagération

L’exagération force sur les traits physiques du personnage pour faire rire, critiquer, dénoncer ou ridiculiser. Des dessinateurs aiment ainsi grossir les défauts du corps ou du visage de leurs sujets. Pour comprendre le sens et la raison de l’exagération, le public a besoin d’un minimum de connaissances sur les traits de caractère et l’apparence des personnages. Le Juif errant de Gustave Doré est une parfaite illustration de l’exagération dans les œuvres picturales.

Les œuvres de Gustave Doré sont assez recherchées. Par exemple, un album de jeunesse représentant des personnages, caricatures, portraits a été adjugé 5 200 euros.

Dans l’histoire récente, l’ancien président français François Hollande fait le bonheur des illustrateurs. Ces derniers exagèrent souvent son visage arrondi, son front et sa corpulence pour se moquer de son caractère « normal ». Des satiristes comme Sondron, RIP et Plantu s’adonnent tous à cette pratique.

L’allégorie

Les caricaturistes appliquent également différentes figures de style afin d’amplifier la portée de leur message. L’allégorie est sans doute la plus employée d’entre elles. Elle consiste à représenter une idée sous les traits d’une figure humaine ou animale, ou avec l’aide de symboles.

« La liberté guidant le peuple », le célèbre tableau d’Eugène Delacroix, en est le parfait exemple. Louis-Léopold Boilly, truculent peintre du Siècle des Lumières, manie également l’allégorie dans son œuvre intitulée « Réunion de trente-cinq têtes d’expression ».

De Julien Léopold Boilly, un ensemble de caricatures des membres de l’Institut de France a obtenu plus de 19 000 euros.

Plus récemment, Olivero produit une belle caricature lors du décès de Mohamed Ali. Il dépeint le légendaire boxeur sur son lit de mort et, devant lui, la faucheuse fait le décompte du KO.

Les particularités de la caricature

Toutes les caricatures se distinguent par les altérations et les exagérations des traits ou des proportions du corps du personnage principal. Ces modifications cachent le plus souvent une intention satirique, avec l’objectif de dénoncer, critiquer ou attirer l’attention du lecteur sur une situation.

Les portraits sont ressemblants, sans jamais être fidèles à la réalité. Cela n’empêche pas le public de reconnaître les personnages et le problème montrés dans le dessin. Les illustrateurs apposent toujours leur signature dans l’image. Les caricaturistes actuels dessinent sur des supports électroniques, en plus de produire des œuvres originales sur papier ou sur d’autres supports avec de l’encre ou du fusain.

Comment estimer le prix d’une caricature ?

1 - La réputation de l’illustrateur

Une banale caricature publiée dans un journal ou un ouvrage inconnu n’a pas la même valeur qu’une satire diffusée sur un quotidien national ou un hebdomadaire historique. Souvent, les grands journaux réservent leur Une aux œuvres de grands dessinateurs reconnus par la profession, comme Cham, Plantu ou Sem. Les caricaturistes anciens sont assez recherchés, notamment lorsque leur œuvre caricature un grand nom de l’histoire.

2 - L’œuvre

Le sens de l’œuvre, le message véhiculé par l’artiste et le contexte de publication jouent également sur la valeur de la caricature.

3 - L’état de conservation

Les collectionneurs apprécient les œuvres uniques en parfait état de conservation. 

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Vous pensez être en possession d’une œuvre caricaturale intéressante ? Prenez soin de la faire estimer par un expert. Nos spécialistes peuvent identifier l’auteur de votre caricature, retracer son historique et évaluer son état de conservation. À partir de ces éléments, nous réalisons une évaluation du prix de réserve de votre caricature, si vous envisagez de la vendre aux enchères.

Records de ventes de caricatures

Voici quelques records de vente qui ont marqué l’histoire du marché des œuvres de caricature :

— Homme battant son chien

Ce dessin de Honoré Daumier, illustrateur de La Caricature et Le Charivari, a été vendu 43.500 euros à Paris, en 2016.

— Avant l’audience

Cette autre œuvre de Daumier est adjugée 102.000 euros à New York en 2017.

— Souvenir de Loch Carron, Écosse

Cette huile sur toile de Gustave Doré, célèbre caricaturiste du 19e siècle, s’est vendue à 481.500 euros en 2014.

Caricatures adjugées chez MILLON

— L’Album de jeunesse de Gustave Doré, estimé entre 2000 et 2500 euros, est adjugé 5.200 euros en mai 2022. Ce lot comprend vingt-neuf dessins à l’encre noire, à la plume et au crayon noir réalisés entre 1848 et 1849 ;

— Une caricature de Maurice Druon, intitulée « École du XXe siècle » vendue 550 euros, après une estimation entre 40 et 60 euros, en mai 2021 ;

— Un lot de 100 planches de caricatures de BENJAMIN diffusées dans Le Charivari, estimé entre 100 et 200 euros, est adjugé 2.500 euros en octobre 2020 ;

— Le dessin sur papier intitulé Radioillusion, de Jean Cocteau, a trouvé preneur pour 2.200 euros, pour une estimation de 1 500 à 2000 euros, en mars 2018. 

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