Qu’est-ce que l’école de Barbizon ?

Au cœur du XIXe siècle, la peinture européenne se voit transformée par une tendance singulière : de nombreux peintres de renom se consacrent entièrement à l'art du paysage. Le groupe de Barbizon émerge alors, contestataire face à l'académisme, aspirant à rompre avec les conventions où la nature est souvent reléguée au second plan.

L'école de Barbizon (1830-1870) se distingue par son caractère non conventionnel : plutôt qu'une institution, il s'agit d'un rassemblement informel de peintres paysagistes établis près de Barbizon, en Seine-et-Marne. Ils veulent capturer la nature dans son état brut, au cœur du paysage de la forêt de Fontainebleau. Ainsi, leur travail se concentre sur la représentation directe de la nature, saisie sur le vif dans toute sa magnificence.

Ce mouvement artistique informel est intimement lié au romantisme français et au réalisme et évoque les prémices de l’impressionnisme. Les peintres les plus assidus de l’école de Barbizon sont entre autres Théodore Rousseau, Jean-François Millet, Charles Jacques, Narcisse Diaz de la Peña, Constant Troyon, Camille Corot, Jules Dupré et Alexandre Decamps. 

Comment reconnaître une œuvre de l’école de Barbizon ?

L'art du paysage devient une expression profonde de l'état d'esprit des artistes, reflétant leurs émotions les plus intimes. Ces créateurs sont fascinés par la diversité de la nature, tant dans ses aspects végétaux que minéraux, ainsi que par les variations constantes de l'environnement au fil des heures et des saisons. Ils sont également captivés par les changements atmosphériques et lumineux qui transforment la scène naturelle. Au fil du temps, leur technique artistique évolue de manière significative. Leur touche devient plus libre, les couleurs vives se superposent et semblent vibrer, en symbiose avec le paysage.

Comment estimer la valeur d’une œuvre de l’école de Barbizon ?

• Les artistes et leur style

Malgré un déclin relatif de la popularité des toiles parfois considérées comme trop sombres de l'école de Barbizon ces dernières années, certains artistes continuent de susciter un intérêt soutenu sur le marché de l'art, avec des œuvres atteignant des prix significatifs lors des ventes aux enchères.

Jean Baptiste Camille Corot demeure le peintre le plus prisé sur le marché de l'école de Barbizon, avec ses œuvres estimées entre 9 000 et 650 000 euros. En 2020, par exemple, deux de ses peintures sont adjugées respectivement 154 000 et 454 000 euros.

Cependant, le marché de l'art est également saturé de faux attribués à Corot. Il est même réputé pour avoir le record du plus grand nombre de contrefaçons parmi les peintres célèbres. Plus de 10 000 versions contrefaites portant sa signature circulent sur le marché alors que, de son vivant, il aurait peint seulement environ 3 000 œuvres. C'est pourquoi une expertise est indispensable.

Théodore Rousseau est également une éminente figure de l’école de Barbizon, un voyageur invétéré qui découvre presque toutes les régions de France pour capter la beauté des paysages. Ayant trouvé en Barbizon l’endroit rêvé pour peindre, il s’y installe définitivement, à l’instar d’autres artistes déjà établis avant lui.  

Longtemps refusé dans les salons parisiens d’exposition de peintures, se heurtant à l’opposition des peintres classiques, Théodore Rousseau obtient pourtant en 1855 une place de choix à l’Exposition universelle.

L'artiste joue un rôle de premier plan dans l'émergence de l'impressionnisme et se passionne pour la représentation des sous-bois de Fontainebleau, capturant leur atmosphère mystérieuse et enveloppante. Ses œuvres se distinguent par une fascination pour les jeux de lumière, comme en témoigne son tableau « Effet d'orage : vue de la plaine Montmartre » peint en 1850 et exposé au Louvre à Paris. Sa technique picturale est surtout caractérisée par une touche exacerbée des lumières et des effets atmosphériques.

Les tableaux de Théodore Rousseau jouissent d'une popularité particulière aux États-Unis. En 2018, l'artiste connaît une année exceptionnellement prolifique, établissant un record avec une vente remarquable. En effet, son tableau « Le chêne de roche », de 1860, est adjugé 330 000 euros. Par ailleurs, dans la catégorie des œuvres affichant un prix moyen, une représentation d'un paysage boisé signée par l'artiste est vendue 13 750 euros cette même année.

Un autre artiste, Jean-François Millet s’illustre aussi lors de ventes aux enchères d’œuvres issues de l’école de Barbizon. L’homme est célèbre pour ses œuvres emblématiques telles que « L'Angélus » et « Des Glaneuses », toutes deux visibles au musée d'Orsay. Sa peinture se veut le reflet des traditions rurales et de la vie paysanne. En novembre 2022, un pastel inédit de l'artiste, provenant de la collection Dethomas, est vendu aux enchères 320 000 euros. Cette œuvre, qui n'a jamais été mise en vente, exposée ou présentée sur le marché auparavant, suscite un grand intérêt chez les collectionneurs.

• La provenance de l’œuvre

Une œuvre restée dans la famille de l’acheteur initial a généralement plus de valeur sur le marché de l’art. La peinture de Jean-François Millet vendue 320 000 euros est par exemple conservée dans la famille du collectionneur Dethomas jusqu’à sa vente en novembre 2022.

Une peinture accompagnée d’un certificat d’authenticité peut aussi voir sa valeur augmenter lors des ventes aux enchères. De nombreux acquéreurs se réfèrent à ce document unique qui doit suivre l’œuvre toute sa vie durant. Un certificat d’authenticité peut être défini par l’artiste lui-même ou provenir d’experts professionnels, spécialistes des œuvres issues de l’école de Barbizon.

• L’état de conservation

Les collectionneurs examinent minutieusement l’état physique de la peinture, à la recherche de signes d’altération ou de restauration. Une décoloration peut par exemple être préjudiciable à un tableau de l’école de Barbizon, au même titre que les fissures, les écaillages, les taches ou les dégâts causés par l’humidité. Des craquelures fines ou des altérations de la texture, visibles à la loupe sur la surface du tableau, peuvent par ailleurs indiquer des restaurations.

De nombreuses œuvres de l’école de Barbizon passent aux enchères. Un tableau de Corot a obtenu 104 000 euros lors d’une vente en Allemagne en 2019. Il représente des Prairies au bord de la route de Versailles. En revanche, un Paysage champêtre, dans le goût de Barbizon a obtenu seulement 30 euros lors d’une vente de 2022 à Marseille.

Ces prix, très variables, de 100 à 500 000 euros environ, s’expliquent par l’artiste auteur, le sujet, l’état de conservation et l’histoire de l’œuvre. 

Les belles ventes d’œuvres de l’école de Barbizon

« La Cardeuse » ou « Woman Carding Wool » est une autre création de Jean-François Millet, dont le prix d'adjudication atteint plusieurs millions d'euros. Cette oeuvre signée « J. F. Millet » au revers est en effet acquise 3 140 000 euros lors d'une vente aux enchères en 1996.

« Le chêne de roche » de Théodore Rousseau en 1860, signé « TH. Rousseau »  en bas à gauche est une peinture de Barbizon vendue 430 000 euros. Le tableau possède une dimension de 88.9 x 116.8 cm.

Théodore Rousseau crée également « Sunset over the Plain of Barbizon », une huile sur toile adjugée 329 000 euros en mai 2000.

Narcisse-Virgile Diaz de la Peña est le créateur de « The Old Windmill near Barbizon », une huile sur toile vendue aux enchères 137 000 euros en mai 2001. Ce grand tableau de 100 x 78.5 cm est signé « N. Diaz » en bas à droite.

Charles-François Daubigny peint « Un Village près de Bonnières », un tableau de Barbizon vendu 326 000 euros. Il est signé et daté : « Daubigny 1861 ».

Œuvres de l’école de Barbizon adjugées chez MILLON

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Les exemples qui suivent illustrent la diversité des prix des œuvres issues de l’école de Barbizon.

- « Clairière en forêt de Barbizon » est signé Charles Ferdinand CERAMANO. Il s'agit d'une huile sur toile 163 x 172 cm signée en bas à droite « Ceramano » et portant au dos de l'encadrement la mention manuscrite « Clairière route de Paris, forêt de Fontainebleau 1874 ». L’œuvre est vendue 14 200 euros ;

- Narcisse Virgile Diaz De La Pena conçoit « Chemin en forêt avec bucheronne », une huile sur toile de 54,5 x 42 cm signée en bas à gauche « N Diaz » et portant au dos la marque au pochoir du marchand de toiles Deforge partiellement masquée. Le tableau est adjugé 6 000 euros ;

- une huile sur toile intitulée « Paysage nuageux » est vendue 5 000 euros. Elle est signée en bas à gauche « Jules Dupré » ;

- Charles François DAUBIGNY crée « Travaux dans les champs (Etude) », une huile sur toile d'origine de 51 x 114 cm vendue 68 000 euros ;

- « La Roche » est un dessin à la plume, à l'encre sépia et au crayon de 22,5 x 20 cm de Camille PISSARRO vendue 4 000 euros.

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