Fikret Moualla, également connu sous le nom de Fikret Saygi, voit le jour à Istanbul en 1903. Son initiation précoce au dessin et à la culture française est largement attribuée à son éducation au sein d'un lycée francophone. Après avoir voyagé à travers l'Europe, notamment en Suisse, en Allemagne et en France, pour poursuivre ses études artistiques, il retourne en Turquie en raison de problèmes de santé mentale et de désaccords financiers avec son père. Bien qu'il soit diagnostiqué comme mentalement sain à son retour en Turquie, il abandonne rapidement son poste de professeur de dessin dans un lycée d’Ayvalı pour se consacrer entièrement à son art. Une série d'hospitalisations prolongées le pousse à émigrer définitivement en France en 1939.
Installé à Paris, Moualla lutte contre l'alcoolisme tout en poursuivant sa carrière artistique. Grâce à Dina Vierny, il expose pour la première fois à Paris en 1954 et fréquente les cercles d'artistes renommés. Malgré ses difficultés de santé et ses périodes d'hospitalisation, il trouve un soutien financier chez Fernande Anglès, une collectionneuse. C'est à cette époque qu'il oriente son style vers une peinture plus naïve.
Youki Desnos, une figure de Montparnasse, décrit son travail en ces termes : "Moualla crée de vastes étendues de couleur pure, vibrante. Ces surfaces affirmées ont une profondeur et une vivacité qui évitent la banalité. Sa palette audacieuse recrée l'espace et la lumière avec une justesse surprenante, pleine de nuances subtiles. Son dessin rapide et incisif saisit l'essence des personnages avec autorité et tendresse, exprimant avec économie ce qu'il a à dire, sans artifice. Son style généreux crée de l'espace et là où le dessin s'affirme, la couleur de Moualla se déploie en un jeu de nuances délicates."
En 1962, Moualla est frappé par la paralysie, mettant fin à sa carrière artistique active. Il passe ses dernières années dans une clinique à Reillanne, où il s'éteint en mai 1967.
Portrait de Firkret Moualla, dans son atelier impasse du Rouet