PÉREZ GALDÓS (Bénito)
PÉREZ GALDÓS (Bénito), La Expulsion de los Moriscos. Drama historico original. [Manuscrit autographe.] sl, 1868 (1° febrero).
4 cahiers manuscrits de [1] f. titre, [62] pp. et [1] f. blanc ; [1] f. titre, [50] pp. et [1] f. bl. ; [1] f. titre, [50] pp. et [1] f. bl. ; [1] f. titre, [42] pp. et [1] f. bl. ; cousus de fil noir. Écriture soignée et très lisible à l'encre brun foncé, sur papier réglé de fines lignes bleues, sans ratures mais avec plusieurs biffures (parfois corrigées) aux crayons de couleurs. Avec un carton (6 lignes) à l'avant-dernière page du 3e cahier. Pliure centrale marquée.
Chaque cahier correspond à un des quatre actes avec le numéro de l'acte en chiffre romain en page titre et le titre général de la pièce répété en bas de chaque page titre. La première page du premier cahier porte le titre général "La Expulsion de los Moriscos. Drama historico original." ainsi que la signature autographe de l'auteur et la date du 1er février 1868. La dernière page de texte se termine par "(fin del drama)".
La pièce, en vers, se déroule à Madrid en septembre 1609 et met en scène la Duchesse del Infantado, Doña Clara, Alami (Don Cesar Gonzaga), le Duc de Lerma, le Roi Philippe III, Le Comte de Miranda (président du Conseil de Castille), Don Rodrigo Calderon (secrétaire du duc de Lerma), Don Diego de Sandoval (fils de Lerma), Don Juan Borja, Fray Luis de Aliaga (confesseur du roi), Fray Melchor de Chaves, le Comte de Olivares (conseiller de Castille), le Comte de Saldaña, Zaidejos (frère de Alami), Zulemilla, et trois Morisques.
Le terme "morisques" désigne précisément les musulmans d'Espagne convertis au catholicisme entre 1499 et 1526 et leurs descendants. Leur expulsion d'Espagne fut promulguée par le roi Philippe III le 9 avril 1609 (suite notamment à la rébellion des morisques de Grenade entre 1568 et 1571) et toucha particulièrement le royaume de Valence qui subit le dépeuplement d'une grande partie de son territoire et un véritable effondrement économique. Le processus d'expulsion dans l'ensemble du royaume espagnol se prolongera jusqu'en 1614 et exilera (selon les études les plus récentes) environ 60 % des 500 000 morisques (soit environ 300 000 habitants dont 30000 à 75000 purent revenir par la suite en Espagne depuis les côtes barbaresques).
Important copie manuscrite autographe d'une pièce disparue de l'un des plus grands auteurs espagnols, Bénito Pérez Galdos (1843-1920), reconnu comme le plus grand romancier naturaliste de son pays à travers des chefs-d'œuvre comme ses Episodios nacionales (46 chroniques historiques 1872-1912) ou bien encore son roman Fortunata y Jacinta (1886-1887). Luis Buñuel adaptera trois de ses œuvres au cinéma : Nazarín (1959), Viridiana (1961) et Tristana (1970).
La pièce (dont le manuscrit est ici daté de 1868) est l'une des premières œuvres de jeunesse de l'auteur : arrivé à Madrid à 19 ans en 1863, Bénito Pérez Galdos fréquente l’Ateneo de Madrid dont il est élu membre en 1865 puis abandonne ses études de droit pour se consacrer à l'écriture en 1868. Il effectue de nombreux voyages, tant dans la péninsule Ibérique qu’en Europe (Paris, Lisbonne, Londres, Édimbourg, Roma, Berlin…) mais aussi Tanger. Son œuvre, immense, se compose d’environ 100 romans, de 30 pièces de théâtre, d’une importante somme de contes, d’articles et d’essais. Il a également constamment collaboré à de nombreuses revues et journaux. Sa passion pour le théâtre se manifeste durant ses années d’étudiant à Madrid : il fréquente assidûment les salles de la capitale. Entre 1861 et 1867, il écrit quatre pièces de théâtre (Quien mal hace bien no espere, Un joven de provecho, La expulsión de los moriscos et El hombre fuerte) mais abandonne ce genre pour se consacrer au roman. Ses deux premières pièces (dont celle-ci, datée par certaines sources de 1865) ne furent pas conservées ni publiées. Il ne parvint pas même à monter cette pièce au théâtre et l'offrit à l'acteur et directeur de théâtre Manuel Catalina (1820-1886). Il fallut attendre le 15 mars 1892 pour que fût montée sa première pièce au théâtre : Realidad, au Teatro de la Comedia à Madrid.
(cf. Benito Pérez Galdós : un géant de la littérature espagnole, par Fabiola Rodríguez López, sur le site de la BnF).