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Vente Arts d'orient de l'Inde - Manuscrits & Objets d'art du 14 juin 2023

Lot

Sur 303

Important coran lacunaire en coufique oriental

Proche Orient, XIIe siècle

Important coran lacunaire en coufique oriental-Proche Orient, XIIe siècle-img1
Important coran lacunaire en coufique oriental-Proche Orient, XIIe siècle-img2
Important coran lacunaire en coufique oriental-Proche Orient, XIIe siècle-img3
Important coran lacunaire en coufique oriental-Proche Orient, XIIe siècle-img4
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  • Description
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  • Provenance

Important coran lacunaire en coufique oriental

Proche Orient, XIIe siècle

Manuscrit en arabe sur papier bis, de 121 feuillets, calligraphié en coufique orientale à l'encre noire sur 21 à 23 lignes par page. Les titres de sourates sont inscrits en jaune cerné de noir, les césures de de versets signalées par une pastille jaune. Des enluminures marginales en jaune, rouge, et bleu signalent les juz’, hizb et sajda ; quelques annotations marginales en "naskhi" noir. Le manuscrit s'ouvre par un frontispice lacunaire en double page : dans un cadre à motif tressé, cinq lignes de texte en écriture coufique à l'encre jaune et soulignée de noir, inscrites en réserve sur un fond ocre hachuré correspondent au texte de la Sourate Al-Fatiha et des quatre premiers versets de la sourate Al-Baqara. Les feuillets 1 et 2 pourraient être d'une autre main ou d'un autre manuscrit si l'on considère l'espace occupé par le texte et les signes diacritiques différents du feuillet 2B. Le texte se poursuit avec une partie de la sourate 3, puis de nombreuses Sourates jusqu'à la fin du Coran dont il manque les trois dernières sourates. Reliure en cuir brun estampé d'un médaillon rayonnant à pendentifs et écoinçons (suivant un remontage moderne). (Restauration, taches, salissures, quelques folios détachés, consolidation) D. : 32,7 x 20,5 cm Un test au carbone 14, réalisé par le laboratoire Ciram, indique une datation du papier entre 1034 et 1174 ( 2 σ, 95,4% confidence). Ce lot est présenté en importation temporaire.
Titres de sourates présents : Sourates 3, 4, 7, 8, 9, 10, 12, 26, 28, 29, 58, 59, 60, 61, 62 ?, 63, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 83, 84 jusqu'à 112. Pour les folios comparables voir : folio KFQ88.3 de la collection Nasser D. Khalili, dans F. Déroche, The Abbaside Tradition. Qur’ans of the 8th to the 10th centuries A.D., Londres, 1992, cat.98; ainsi que le Coran Add.7213 de la British Library, dans M. Lings et Y.H. Safadi, The Qur’an, Londres, 1976, cat.40.
Ce volume appartient à un petit groupe de manuscrits copiés selon le Nouveau Style ("kufique oriental") vers le début du XIIe siècle, qui illustrent beaucoup des évolutions alors en cours dans la manière d'appréhender et de copier le Coran. De plus, ce codex livre de précieuses indications sur le milieu dans lequel il fut copié et utilisé. Les premiers siècles de l’Islam virent se développer jusqu’au Xe siècle un ensemble de caractéristiques matérielles communes à l’immense majorité des copies coraniques, qui les distinguaient fortement des autres manuscrits arabes et rendaient leur contenu textuel difficilement accessible : usage du parchemin plutôt que du papier, format horizontal, dimensions monumentales, absence fréquente de signes vocaliques ou orthoépiques, graphies anguleuses (« kufiques ») très éloignées de celles, cursives, des autres manuscrits... A partir du Xe siècle et plus encore durant les deux suivants, la matérialité des corans convergea vers celle des manuscrits profanes, jusqu’à ne plus s’en distinguer que par le soin plus grand qui leur était éventuellement accordé. Le codex présenté ici matérialise directement cette évolution, puisqu’il s’inscrit dans les dernières étapes d’une phase de transition entre les deux paradigmes. Son analyse stylistique permet de le rapprocher d’un groupe de manuscrits probablement copiés dans le centre de l’empire Abbasside, autour de 1100 (voir par exemple le KFQ74 de la collection Khalili). Malgré des concessions à la cursivité leur graphie traduit un attachement manifeste aux précédentes traditions, mais leurs autres caractéristiques matérielles en font des objets proprement livresques, au même titre que n’importe quel manuscrit de grande qualité : utilisation de papier au format vertical, copie en un volume, attachement à la lisibilité du texte. Ce coran porte ainsi une certaine ambivalence matérielle, qui illustre une des plus importantes évolutions formelles de l’histoire des manuscrits coraniques. Par ailleurs, ce manuscrit contient plusieurs indices pour mieux comprendre qui furent les individus derrière ces évolutions, à commencer par le copiste. Dans notre cas, les conditions de son travail transparaissent particulièrement à travers des erreurs de copie, toutes de même nature : au feuillet 74v par exemple, après le verset 12:53, le copiste avait initialement transcrit le verset 12:50, dont les premiers mots sont identiques au 54. Cette erreur probablement commise par réflexe semble avoir été immédiatement effacée et rectifiée, la correction n’ayant entrainé ni élongation ni resserrement du module d’écriture du texte final. La nature de ces erreurs et leur rectification immédiate indiquent une connaissance complète et une pratique ancrée du texte coranique, suggérant que le copiste était versé non seulement dans la copie du Coran mais aussi dans son étude textuelle. De plus, certains passages omis dans le texte initial furent ajoutés dans une graphie cursive, dans les marges. Ces corrections plus tardives sont courantes dans les manuscrits du Coran, mais ici elles semblent avoir été portées par une main quasiment contemporaine de la copie, et maîtrisant parfaitement les graphies cursives alors utilisées dans les manuscrits littéaires et scientifiques. En fait, certains traits comme l’utilisation de trois points souscrits pour indiquer la lettre sīn sont fortement associés au groupe de corans dont ce codex fait partie. On peut ainsi penser que ces notes furent ajoutées dans un contexte très proche de la production de ce manuscrit, qui aurait ainsi été copié non seulement par mais aussi pour des savants du Coran. Une autre indication pourrait venir de la grande liberté que le copiste semble s’être autorisée, dans un manuscrit pourtant luxueux. Si la graphie du codex est assurément maîtrisée, on y observe une fluidité dans la forme de certaines lettres, notamment le ‘ayn initial qui sous le même calame se fait tour à tour très anguleux ou exagérément arrondi ; de la même manière, la copie ose un maniérisme prononcé dans le tracé de certaines lignes initiales de pages ou dans les derniers feuillets. Plus remarquables encore sont les terminaisons ornementées de certaines lettres étendues jusque dans la marge, comme au feuillet 112v, qui ne semblent justifiées que par la fantaisie du copiste. Ces éléments qui parsèment le manuscrit nous plongent directement dans l’univers du copiste, dans son rapport personnel au texte coranique et à ses copies. Ces touches de fantaisie personnelle, dans un manuscrit qui enregistre par ailleurs le texte coranique avec luxe et rigueur, pourraient faire écho à la place politique de plus en plus importante prise par les savants religieux sous le règne des Seljuqides. Par la valorisation de leurs savoirs et l’institutionnalisation de certaines madrasa-s, les oulémas se sont alors érigés en véritable classe sociale dominante, combinant une posture d’étude religieuse et scientifique et des moyens matériels suffisants pour produire à grands frais des copies coraniques « de travail ». On peut ainsi penser que c’est dans un tel contexte que fut produit le volume discuté ici. This volume beongs to a small group of manuscripts copied in New Style scripts (the so-called ‘Easern Kufic’ scripts) near the beginning of the 12th century. They examplify many of the substantial evolutions which occured around that time in the way the Qur’an was perceived and copied. Furthermore, this codex is a precious document on its production and early circulation environment. During the first centuries of Islam, Qur’anic manuscripts generally had very distinctive material features setting them apart from secular manuscripts. Over the course of the 10th-12th centuries this material differenciation gradually decreased, as scribes started copying the Qur’an on paper instead of parchment, in the vertical format, in cursive rather than angular (‘kufic’) scripts, in single-volume copies of relatively portable dimensions, with an obvious attachment to the full legibility of the text. The present codex is an excellent witness to this material evolution of the Qur’anic manuscript, as it was produced during the last stage of the process, probably in the central Abbasid lands about 1100 AD (see for instance ms KFQ74 from the Khalili Collection). While its striking script shows some level of concession to cursivity, it generally reveals a clear reverence for the previous tradition of Qur’anic scripts. On the other hand, its other material features make it not fundamentally different from any non-Qur’anic manuscript of high quality from that time, as was the standard of the new Qur’anic tradition. This material ambiguity makes it a perfect illustration of one of the most important phenomenons in the history of Qur’anic manuscripts. This codex also contains precious indications on the specific milieu in which it was produced and used. It bears traces of a few copyist’s mistakes, all of the same nature. On folio 74v for instance, following verse 12:53, the scribe had initially copied verse 12:50, which begins with the exact same words as 12:54. This mistake appears to have been immediately erased and rectified, as the correction did not alter the layout of these lines of text. Such spontaneous mistakes strongly suggest that the scribe was trained not only in penmanship, but also in the study of the Qur’anic text which they obviously knew very well. Other portions of the text were omitted and added in the margins. Such later additions are frequent in Qur’anic manuscripts, but in this case they appear to have been written very soon after the copy itself, by someone trained in the cursive scripts used in litterary and scientific manuscripts of that time. Some specific features such as the use of three dots under the letter to indicate letter sīn point directly to the same context as that in which the codex was produced. Such a coincidence suggests that the manuscript may have been produced not only by, but also for scholars of the Qur’an. The graphic features of the manuscript also indicate a very dense, personal relation to the Qur’an. The scribe obviously mastered the standards of this type of script as used in public copies, but they took some liberties with these standards and copied the text with a certain level of fluidity. Initial ‘ayn for instance was drawn in two very different shapes throughout the copy, one angular and the other exagerately cursive. Similarly, some but not all of the final folios show a form of mannerism in their script and layout. Even more remarkable are the ornamental finials of some letters stretching to the margins, as on folio 112v, which seem to have no specific function and to come entirely from the scribe’s imagination.  These touches of personal fancy, in a manuscript which nonetheless records the Qur’anic text meticulously and sumptuously, might echo the growing part played by religious scholars under the Seljuq dynasty. They became a powerful and relatively independent group, and their madrasas combined a scholarly appoach to the Qur’an and the material means to produce functional manuscripts of the highest quality, possibly including  this specimen.

Vente terminée

Estimation

150 000 € - 200 000 €

Adjugé à

150 000 €

Département

  • Téléphone   +33 (0)1 47 27 76 71
  • Courriel   asjoncoux@millon.com

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