Romain BEOT
GUÉRIN (Maurice de)
- Description
GUÉRIN (Maurice de)
L.A.S. à Madame de Sainte-Marie. 4 pp. in-8 sur papier vert d’eau. Au Cayla, 7 janvier 1838 (adresse et cachet de cire grise). Très belle lettre de l’auteur du Centaure, mort à vingt-neuf ans, en 1839, signée M.G. du Cayla. Elle est adressée à la comtesse Louise de Sainte-Marie chez laquelle, après une longue absence de sa région natale, il avait passé quelques semaines l’été précédent — au château de Saint-Martin, où cette lettre est adressée (par St-Saulge, Nièvre). Le fils de la comtesse avait été le condisciple de Maurice de Guérin au collège Stanislas, puis à l’école de Droit. Sa fille, Henriette-Marie (devenue depuis 1831 la baronne de Maistre) avait pour le poète une passion partagée. Maurice de Guérin annonce dans cette lettre, avec un tact sans égal, son mariage avec Caroline de Gervain, jeune « indienne » de 18 ans née à Java qu’il avait rencontrée deux ans auparavant : "[…] Me voici encore au Cayla malgré tous les beaux projets de départ que je fais depuis plus de deux mois. Pour la première fois depuis seize ans, je me trouve dans ma famille à cette époque de l’année. Je suis tout étonné de voir la scène de l’hiver à la campagne. […] C’est comme une régénération que j’éprouve dans le renouvellement des émotions d’autrefois, et l’on se sent presque rajeunir en puisant, après un si long temps, aux sources du bonheur de l’enfance. […] Ce bonheur de famille dont je jouis en ce moment doit bientôt finir ; je vais retourner à Paris. J’y vais avec l’espérance d’un avenir meilleur, d’une destinée nouvelle dans le sein d’une famille d’adoption ; cela m’adoucit un peu la séparation d’ici, mais, à quelque bonheur que l’on coure, le moment où l’on se dit adieu n’en est pas moins amer ; c’est seulement la perspective de l’avenir qui se trouve adoucie et comme éclairée par l’espérance que l’on emporte. J’entre dans cette famille venue des Indes dont je vous ai parlé quelquefois et que je vous fis connaître par quelques lettres que j’avais apportées à St-Martin. Les projets sont arrêtés mais l’époque de leur accomplissement demeure encore incertaine. […] Mais ce n’est pas sous des feuillages qui n’en sont plus que vont mes souvenirs, c’est à la bonté et l’aimable hospitalité de ses habitants, que rien n’altère […] " (Cf. Œuvres Complètes, II, Correspondance (Les Belles Lettres), p.333-335.)Vente terminée
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