[WOOLSTON (Thomas)]. Discours sur les miracles de Jésus-Christ… traduit de l’anglais de Woolston. sl [Amsterdam], sn [Marc Michel Rey], Dix-huitième siècle [1768 ?]. 2 tomes en un vol. in-12, veau marbré, dos lisse orné, triple filet doré encadrant les plats avec superlibris en lettres dorées sur le premier plat ""Le Bailli de Breteüil"", tr. dorées (reliure de l’époque). Dimensions : 155 x 96 mm.
Rare édition originale de la première traduction française. L’avertissement consiste en une biographie de l’auteur. Ardent défenseur d'une lecture allégorique des Ecritures et plus particulièrement des miracles du Christ, Thomas Woolston (1669-1731) fut, à la suite de la parution de son ouvrage à Londres en 1727-1729, radié du collège de Sidney Sussex de Cambridge et condamné à une amende et à un an de prison, qui se transforma en emprisonnement à vie, n'ayant trouvé personne pour répondre de lui ni payer sa caution.
La traduction est attribuée par certains, sans preuves tangibles, au baron d'HOLBACH (1723-1789), dont l’ensemble de l’œuvre tente de détacher la morale de toute pensée religieuse, y compris déiste. Pierre Naville, auteur de ""D’Holbach et la philosophie scientifique au XVIIIe siècle"", fait état d'un ancien manuscrit conservé
à la Bibliothèque nationale.
Provenance : Jacques-Laure Le Tonnelier (1723-1785), dit le bailli de Breteuil, petit-cousin d’Émilie du Châtelet, brillante physicienne et mathématicienne, et compagne de Voltaire. Membre de l’ordre de Malte, il en fut nommé ambassadeur auprès du Saint-Siège et accéda à la dignité de bailli de l’ordre en 1757. Habile diplomate à Rome, puis à Paris, de 1778 à sa mort, et grand collectionneur, il réunit une importante collection de peintures et objets d’art, en particulier pendant son ambassade romaine. On connaît un dessin d’Hubert Robert représentant vers 1763 Le Salon du bailli de Breteuil à Rome.
Coiffes et mors inférieur restaurés.
(Tchemerzine, III, 735 ; Caillet, III, n°11482 ; Vercruysse (J.), D’Holbach et ses amis, 1760-1789, Hachette, p. 12.)
""Les premiers lecteurs des Six discours sur les Miracles de Notre Sauveur (1727-1729) de Thomas Woolston, scandalisés déjà par ses autres écrits, ont supposé qu'il faisait partie du groupe de déistes et de libres penseurs autour d'Anthony Collins et de John Toland. Voltaire, qui lui a peut-être rendu visite lors de son séjour à Londres, fit de même. La réinterprétation des miracles de Jésus-Christ, que Woolston voulait figurative et spirituelle, paraissait trop fantaisiste pour être prise au sérieux; on n'y voyait qu'une manifestation d'irréligion sournoise et destructive, une tentative de se débarrasser tout simplement des miracles du Nouveau Testament. Mal compris, Woolston éprouva un ressentiment qui dégénéra en haine anticléricale sous l'effet de la persécution de ses adversaires."" Présentation de la réédition de ce texte (sous le titre ""Six discours sur les miracles de Notre Sauveur"" par la librairie Honoré Champion en 2001, qui fait d'ailleurs mention de deux traductions manuscrites du XVIIIe siècle dont une de Mme Du Châtelet, éditées par William Trapnell.