Qu’est-ce qu’une faïence de Quimper ?

Dans le Finistère, la « capitale de la Cornouaille » est associée à un art : la fabrication d’une faïence exceptionnelle depuis plus de 300 ans. La faïence de Quimper, fabriquée principalement dans le quartier de Locmaria, possède même son musée dans la ville où les traditions industrielles et artisanales restent bien ancrées. L’histoire de la faïencerie à Quimper est jalonnée de faits divers, notamment la concurrence déloyale qui lèse les plus grandes manufactures des XIXe et XXe siècles.

La manufacture Porquier, l’une des plus grandes, est par exemple confrontée à d'importantes difficultés, en partie causées par la reproduction illégale de ses produits par les villes de Malicorne et Desvres. Certaines pièces vendues aux enchères aujourd’hui ne sont toujours pas identifiées d’après leur ville d’origine. Une mandoline en faïence française du XIXe siècle, peut-être de Quimper ou de Desvres est par exemple adjugée 2 500 euros lors d'une vente aux enchères en 2009.

Entre les deux manufactures Porquier et HB Quimper-la Grande Maison, la concurrence devient également très rude dans les années 1920. Ces deux entreprises, alors respectivement dirigées par le peintre Mathurin Méheut et le céramiste René Quillivic, proposent différents types de faïences, touristiques pour l'un et plus fantaisie et destinées à la décoration pour l'autre.

Les céramiques produites par Quimper sont en faïence stannifère - de l’émail blanc recouvrant une terre colorée - minutieusement décorée à la main ou en grès dense, vitrifié et foncé. La production de faïence stannifère nécessite un haut niveau de compétence, ce qui la rend particulièrement prisée des collectionneurs.

Comment reconnaître une faïence de Quimper ?

Initialement influencés par les motifs du XVIIIe siècle de Nevers et de Rouen, les décors ont peu à peu évolué pour créer un style breton distinct, imprégné de la riche culture locale.

Les « motifs de Bretons » sont peints avec des couleurs émaillées à grand feu, généralement dominées par des tons de bleu et de jaune. Le charme naïf du motif du « Petit Breton », la technique de peinture en touches pour former des guirlandes ou des fleurs, ainsi que les filets de couleur et les motifs tournants sont aussi caractéristiques du style de Quimper.

Contrairement aux imitations telles que celles de Malicorne, la terre utilisée à Quimper est de couleur grise, brune ou ocre, et non rouge. Le façonnage des pièces peut être réalisé soit au tour, soit par estampage. Les pièces anciennes comme les assiettes à fond en calotte ou les statuettes émaillées de Vierges du XIXe siècle, sont souvent réalisées par estampage, ce qui les rend plus précieuses.

À la fin du XIXe siècle, les manufactures de Quimper adoptent progressivement les techniques de coulage et de calibrage issues de l'industrie de la porcelaine. Les pièces coulées sont plus légères, avec des épaisseurs plus fines et plus uniformes. L'utilisation de la calibreuse accélère le processus de fabrication, permettant d'obtenir des fonds d'assiettes réguliers et profilés.

Les signatures évoluent au cours des années, souvent copiées, parfois sujettes à des litiges... jusqu’en 1991, où seule une entreprise demeure : Henriot-Quimper, la seule manufacture survivante qui fabrique intégralement les pièces, avec un décor de biscuit peint à la main.

Estimer la valeur d’une faïence de Quimper

Le type d’objet et leurs décors

La vaisselle est produite en très grande quantité au cours des XIXe et XXe siècles, mais toutes les pièces ne se valent pas. Les productions dites « populaires » sont les moins cotées, avec des prix d’adjudication d’une vingtaine d’euros par pièce en moyenne.

Les assiettes et les plats décorés au « Petit Breton » avec leurs couples et leurs scènes de noces bretonnes, leurs danses bretonnes, leurs coqs et d'autres sujets qui dépeignent la vie quotidienne en Bretagne, dépassent rarement 300 euros. La signature sous la pièce, bien qu’elle émane de la manufacture d’origine, n’est pas forcément gage de valeur pour ces objets-là.

La vaisselle « primitive » en grès, en faïence ou en terre vernissée produite avant la fin du XIXe siècle peut avoir plus de valeur, mais les pièces sont difficiles à identifier, car elles ne sont pas signées. Quasiment toutes les pièces sont conçues pour un usage domestique, mettant en avant leur fonctionnalité première. Les motifs, simples et modestes, s'intègrent harmonieusement aux intérieurs, reflétant ainsi leur simplicité. Les objets qui présentent un attrait historique peuvent valoir entre 100 et 600 euros, selon l'objet.

Les statuettes produites à Quimper sont principalement d'ordre religieux, comprenant notamment de nombreuses représentations de la Vierge à l'Enfant. Les pièces primitives, même légèrement imparfaites, sont particulièrement recherchées.

Les manufactures font appel à des artistes spécialisés pour leur conception, ce qui entraîne une hausse significative de leur valeur. Par exemple, un groupe en faïence émaillée polychrome appelé « Nominoë », d’une hauteur de 35 cm réalisé par la manufacture Henriot vers 1929 et conçu par René-Yves Creston, est adjugé 5 100 euros.

La rareté

Parmi les œuvres d'artistes les plus célèbres figurent les services de Mathurin Méheut, connus sous les noms « De la Mer » et « À la galette ». Les pièces qui composent ces services sont extrêmement rares et font l'objet de recherches intenses de la part des collectionneurs. Leur valeur est élevée, puisque l’artiste est renommé. Ces pièces sont souvent signées de son nom ou de son monogramme.

Un beau service De la Mer composé de 12 assiettes plates, 2 jattes, 2 grands plats ovales, 2 grands plats ronds, 1 soupière, 1 pichet et 1 saucière, est par exemple adjugé 29 000 euros en 2017.

François Bazin et Alphonse Chanteau sont aussi d’autres artistes connus dans la décoration de la faïence de Quimper.

La manufacture

Certaines créations du XIXe siècle sont particulièrement prisées, notamment celles provenant de la maison Porquier-Beau. Cette entreprise, renommée ainsi en 1875 lorsque la veuve Porquier associe son fils Arthur à Alfred Beau, est fondée en 1838. Elle cesse ses activités en 1904 avant d'être reprise par Henriot.

Les objets de cette manufacture sont reconnaissables grâce à une signature qui ressemble à un trèfle à trois feuilles, symbolisant en réalité le « P » de Porquier entrelacé avec le « B » de Beau. Certains décors, produits en quantités très limitées pour commémorer des événements historiques, peuvent atteindre des prix considérables sur le marché.

L’état de conservation

Les acheteurs sont prêts à acquérir certaines pièces spécifiques, par exemple des statuaires primitifs, surtout des Vierges à l’enfant, même si elles sont légèrement imparfaites. Les marques d’agrafes pour les restaurations anciennes, les fêles, les accidents et les égrenures sur les bords de l’objet sont par contre moins tolérés par les acheteurs.

En fonction de sa rareté, son état, sa forme, son décor, son ancienneté, une faïence de Quimper est estimée entre 20 euros et 30 000 euros. Les services de table créés par Mathurin Meheut, par exemple, obtiennent les plus prix, suivis des œuvres de François Victor Bazin ou René Yves Creston en HB Quimper. Parmi les pièces anciennes, nous obtenons également des enchères allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros. 

Les belles ventes de faïences de Quimper

Une œuvre d'une importance notable, tant par sa taille que par son prix de vente, suscite l'enthousiasme lors d’une vente aux enchères en Bretagne. Il s'agit d'une statue de Sainte-Anne haute de 65 cm, abritant sous les plis de son manteau un petit groupe de fidèles bretons ainsi que la Vierge Marie. Intitulée « Santez Anna Mamm Goz Ar Vretonned » ou « Sainte-Anne, grand-mère des Bretons », cette pièce est sculptée pour la manufacture Henriot par Anie Mouroux dans les années 1930. Elle est adjugée 7 200 euros.

Cinq statuettes en faïence des XIXe et XXe siècles sont adjugées 600 euros lors d'une vente aux enchères en septembre 2007. Elles sont marquées en noir « henriot/quimper/82/france ». Quatre statues représentent des vierges d'accouchée, debout tenant l'Enfant Jésus dans les bras, et la dernière statue représente Sainte-Anne tenant la main de Sainte-Marie enfant. Les statues sont à décor bleu, vert, jaune et manganèse au naturel. Elles comportent de petits éclats et égrenures.

Une mandoline en faïence française du XIXe siècle, peut-être Quimper ou Desvres est adjugée 625 euros. Dans le style de Rouen, cet objet à décor camaïeu bleu est signé « J. Pécan ». Il est décoré de personnages galants dans un paysage, dans un cartouche formé de lambrequins. Le revers godronné est à décor de bouquets de fleurs. La mandoline comporte de très petites égrenures.

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Faïences de Quimper adjugées chez MILLON

1. Louis GARIN pour Quimper, le vase « Femmes de l'Ile aux Moines » à quatre anses ajourées en pourtour du col est adjugé 2 000 euros. Le décor est émaillé polychrome d'une frise de femme en tenue traditionnelle. Signé « HB Quimper L.Garin » sous la base ;

2. MANNETTE QUIMPER, un important ensemble par Henriot Quimper après 1922 est adjugé 1 300 euros ;

3. QUIMPER, manufacture Hubaudière du XIXe siècle, un plat rond en faïence polychrome à décor au centre du bassin d'un couple de breton sur fond de paysage architecturé est adjugé 2 200 euros. L'aile est ornée d'une guirlande fleurie en camaïeu bleu retenant deux réserves à vue ovale, une vue de château et des armoiries. L'objet est signé « C. Sol » sur le bassin ;

4. QUIMPER - ODERRA, un vase en grès, de forme balustre à col épaulé est adjugé 1 000 euros. Il est à décor de rouelles et à motifs floraux et lignes verticales parallèles à couverte émaillée brune, anthracite, vert clair et bleu-nuit. Le vase est signé « Quimper Oderra » et monogrammé « HB » ;

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