CHONTAL La culture Chontal, datant de 350 à 100 avant J.-C., est, avec la culture Mezcala, une des traditions artistiques les plus représentatives de l’État du Guerrero, dans le sud-ouest du Mexique. Ses figures de pierres représentent principalement des masques ou des figures humaines. Elle se distingue de sa voisine Mezcala par un style plus naturaliste visible dans les traits du visage et les lignes courbes récurrentes qui lui confèrent un certain réalisme. La civilisation Chontal reste méconnue et mystérieuse, mais ses sculptures de pierre fascinent par leur sobriété et leur recherche d’essentialité. L’état du Guerrero d’un point de vue archéologique est parmi les sources les plus riches d’objet en pierre, lié à une forte présence olmèque dans la région. De toutes les sculptures retrouvées dans le Guerrero, les plus curieuses sont celles dont on considère qu’elles appartenaient probablement aux deux traditions Mezcala et Chontal spécifique à cette région du Guerrero. Elles constituent le fondement de ce qui apparait comme un ensemble régional de styles artistiques contrant les périodes en formation et la période classique (1800 av. J.-C – 600 ap. J.-C) mettant ainsi en évidence une interaction avec les cultures Olmèques et de Teotihuacan. En parallèle de la tradition de sculpture des Mezcala, la population Chontal a créé un vaste ensemble de représentation figurative ésotérique destiné à accompagner les morts dans l’au-delà. La représentation d'un visage à travers des masques, des panneaux faciaux et des têtes sont une caractéristique déterminante du style Chontal. Par rapport au corpus de figures, les Chontal ont produit une gamme de masques et de têtes allant du naturalisme à l'abstraction. Carlo Gay a émis l'hypothèse que les masques de Chontal ont évolué vers la célèbre tradition de sculpture des masques postérieurs de Teotihuacan. Tous deux étaient connus pour fabriquer des figures humaines et des panneaux faciaux en pierre et bien qu'il soit parfois très difficile de les distinguer les uns des autres, il est établi que les objets de Mezcala tendaient davantage vers l'abstraction, tandis que les Chontal souhaitaient plus de naturalisme dans leurs figures et panneaux. La sculpture de Mezcala, en particulier celle du style Chontal, plus réductrice, modifie la perception traditionnelle de la forme humaine par son interprétation géométrique plutôt que naturaliste. La sculpture Chontal se distingue par un jeu de volumes et de plans, généralement avec un format composé et contraint de manière symétrique et dépouillé. Elle se distingue par le jeu des plans en creux et en relief, avec des pommettes lisses et hautes, des lèvres pleines et séparées et un front étroit et prononcé, avec des orbites creuses, se transformant subtilement en un diadème étagé ; en serpentine vert foncé finement polie, percée sur les côtés de la tête. Si les plus grandes sculptures sont réalisées dans l’andésite, la serpentine ou la diorite, ceux de taille moins importante sont sculptés dans des pierres mouchetées vert-noir, dans des jadéites ou parfois de l’albâtre. Leur revers est plat et des trous permettent de les suspendre. Malgré des similitudes entre eux – masques et figures ayant été découverts dans des sépultures et sous des habitations –, le style chontal est plus réaliste, le mezcala plus schématique. Si l'on considère la culture Mezcala, dont on pense qu'elle s'est développée au cours des troisième et deuxième millénaire avant J.-C. et qu'elle s'est poursuivie jusqu'à la période classique (250-650 après J.-C.), ce n'est que vers la fin de sa tradition qu'elle présente un certain degré d'affinité stylistique avec la tradition lithique du peuple Chontal. Le panneau facial, avec son visage allongé et son nez plus long, est considéré stylistiquement comme typique du style Chontal. Il est toujours possible que le masque soit de Mezcala, car il est connu que ces caractéristiques ont été dérivées par eux de leurs voisins. Il est cependant assez sûr de dire qu'il s'agit d'un panneau Chontal, car les masques ou panneaux faciaux Mezcala sont souvent plus petits que celui-ci et leur face arrière est presque toujours plate ou légèrement convexe, alors que les panneaux Chontal sont creusés, comme on peut le voir sur cet objet. On ne sait pas grand-chose de l'utilité de ces panneaux faciaux dans la culture chontalienne. Nous savons que les Mezcala utilisaient probablement des panneaux similaires pour meubler les tombes, représentant les défunts, des esprits du monde souterrain dans lequel les défunts étaient censés renaître. En effet malgré des similitudes entre eux il en reste que le style chontal plus réaliste et le mezcala plus schématique tous deux demeurent tout aussi mystérieux.